Hommage au poète Salah El Ouadie

     

    A l’initiative de deux associations, «Carrefour des arts» présidée par le professeur Mohammed Ridai et «Bassamat Chaouia Ouardigha des arts plastiques à Settat» présidée par l’artiste peintre Rabia Echahed , une rencontre ouverte a été organisée en hommage au poète militant Salah El Ouadie dans le foyer de feu le Professeur Abdelhaq Saadani, ancien ambassadeur du Maroc en Inde, qui figure parmi les références incontournables dans la vie politique et pédagogique, et ce en présence d’un grand nombre d’artistes et d’acteurs culturels, tels que Haouae Aljabali( directrice du Centre Culturel Arabe à Bruxelles), Abdellatif Zine, Rabia Rayhane, Ahmed Jarid, Souad Soulayman Chawki, Mohammed Chawki, Hatem Idar, Dr El Mansouri, Mamoun, Dr Ben Brahim Andaloussi et bien d’autres encore.

    Inaugurant les actes de cette rencontre littéraire, Zahra Ziraoui, artiste et critique d’art, a confié à l’assistance : « Salah El Ouadie est poète et militant confirmé aussi bien dans le domaine politique que dans le domaine des droits de l’homme. Il a contribué à la fondation de l'OMDH (Organisation Marocaine des Droits de l'Homme) en 1988 et du Forum Vérité et Justice en 1999. Il est membre de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) et exerce son métier comme professeur à l’Ecole Supérieure de la Gestion des Entreprises, tout en préservant ses activités associatives étant, actuellement, président de l’Association «Ville Solidaire». Le nom qui peut réunir tous les traits riches de ce parcours exceptionnel ne pourrait être autre que Salah El Ouadie, auteur de : «Le Marié »  (Paris-Méditerranée, roman, 2001),  « Les Blessures de la poitrine nue » (Benchara, recueil de poèmes, 1985),  «Au fond du cœur, l'espoir»  (Ouyoun Al Makalat, recueil de poèmes, 1988) et beaucoup d’autres œuvres littéraires de valeur poétique indiscutable…

    La mémoire célèbre encore et avec joie les soirées de rêve d’«Moment de poésie», programme poétique sur la chaine de télévision marocaine, 2M, animée, à l’époque, par Salah El Ouadie qui, au pic de la détresse quotidienne, offrait aux téléspectateurs des moments qui les réconciliaient avec eux-mêmes. Il y avait surement un secret qu’il n’avait jamais osé révéler jusqu'à ce qu’un jour, Salah El Ouadie, lors d’un propos de presse, confirma que la poésie s’accorde avec le théâtre et la lecture expressive. Cette même idée, on l’entend résonner chez Frederico Garcia Lorca qui disait: « La poésie vit quand elle est lue mais perd son âme quand elle est muette dans un livre ». Ainsi, grâce à ses compétences littéraires et à ses préparations sur le plan audiovisuel, il a pu réussir son programme télévisé en faisant de la poésie un pont menant vers l’autre rive.

    Deux associations, «Carrefour des Arts» et «Bassamat Chaouia Ouardigha des Arts Plastiques à Settat», ont élaboré l’idée de préparer une rencontre littéraire en hommage au poète militant, Salah El Ouadie dans ce domicile qui a toujours été carrefour des rencontres littéraires de grande réputation, le foyer de feu le Professeur Abdelhaq Saadani, qui a servi le pays à travers plusieurs postes pédagogiques et politiques étant professeur aux écoles Mohamed V à Rabat avant d’être affecté par les deux rois Mohamed V et Hassan II au domaine des études de la princesse Lalla Nezha à Londres et à Paris. Après avoir intégré le corps du Ministère des Affaires Etrangères, il a représenté le Maroc dans les différents cycles diplomatiques, y compris comme Ambassadeur du Maroc en Inde. ».Et d’ajouter : « Il serait donc important de rappeler son rôle d’intellectuel qui semble bien égal à son rôle diplomatique. Ainsi, en Inde, Mr. Abdelhaq Saadani, que Dieu lui accorde sa clémence et sa miséricorde, a publié une revue arabophone dont le but était double: Honorer la langue arabe d’une part et défendre la cause marocaine représentée par la question du Sahara, d’autre part.Ce domicile témoigne donc encore des soirées intellectuelles et littéraires organisées, réunissant le futurologue de renommée mondiale Mehdi El Mendjra avec Mohamed El Fassi et l’artiste peintre Mohamed Kacimi, le poète Amjad Nacer avec Mohamed Berrada et Leila Chahid, le nouvelliste Abdeljebbar Sehimi avec Bensalem Himmich et l’artiste Housni Abou El Maafi, sans oublier les rencontres luxueuses dont le public littéraire se rappelle avec une très grande estime, celles qui ont permis la rencontre avec le poète Ali Sekalli…Merci infiniment à notre invité, le poète militant Salah El Ouadie. D’abord, pour avoir accepté notre invitation, ensuite, pour être venu assouvir notre soif du mot poétique, de l’image poétique et de la beauté poétique. Merci beaucoup à tous les intellectuels et artistes qui ont pris la peine en venant de loin et de partout d’honorer le poète qui réside au plus profond en chacun de nous. ».

    Les poèmes de Salah El Ouadie (Titulaire d’une licence en philosophie de la Faculté des Lettres de Rabat en 1982 et d’un diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences Politiques) ont suscité par leurs textes métaphoriques et polysémiques de nombreuses interprétations et approches analytiques. Ici, le poète joue avec les mots, les dictes, les percepts et les sons en un tableau polyphonique très coloré déjà auteur des Illuminations, sur les traces de Arthur Rimbaud qui disait :"J'ai cru voir, parfois j'ai cru sentir de cette façon, et je le dis, je le raconte, parce que je trouve cela aussi intéressant qu'autre chose. Je pense, donc je est un autre".
    Les poèmes se présentent comme des fragments et des univers on peut s’évaser et contempler nos propres réalités, sens et couleurs (naissances latentes). Les images poétiques ont une valeur symbolique. Elles dénoncent la cruauté et la haine et enchantent la fierté, la pureté et l’amour au sens platonicien du terme. Le poète vante également les vertus de la sérénité, de la paix et de la majesté. Aussi, on décèle toute une évocation symbolique des cieux et des horizons. Peut-être une allusion à tous les amateurs de poésie hantés par la quête de la vérité : un abécédaire de la passion dans ses connotations mystiques. L’œuvre de Salah El Ouadie éveille en nous un désir inconscient d’une expression magique : la poésie qui nous procure un moment agréable.

    Dans ses voyages connotatifs, le poète nous invite à percevoir tout un chromatisme musical ou audition colorée. Il meuble ses univers visuels et leur attribue les sons des voyelles, à la recherche d'une langue complète et universelle, résumant tout, « parfums, sons et couleurs » : c’est la langue de «  l’aisé inaccessible ».

    Le poète figure parmi les acteurs culturels qui contribuent de façon déterminante au retour de la poésie dans l’espace public. Ainsi, il a bien voulu l’inscrire dans une action au long cours. Derrière chacune de ses publications, des convictions fermes : la création poétique contemporaine est riche de son extraordinaire diversité, elle est aussi le lieu où la langue est maintenue à son plus haut degré d’intensité et, en cela, elle incarne une objection forte aux démagogies régnantes. C’est au nom de ces convictions que Salah El Ouadie travaille jour après jour, à rendre la poésie disponible à tous. Il a dépassé les clichés autour de la poésie : la formes lyrique et rimée est une perpétuelle métamorphose. Le poète travaille la forme du langage, sans chercher de point d’arrivée, il conteste les formes dominantes, les formes historiquement léguées, il est en recherche de la forme, c’est un atelier, un laboratoire de formes, le lieu où se réinvente sans cesse le texte.

    La poésie chez Salah El Ouadie est souvent liée à un aspect édulcoré du sentiment, du rêve et de l’évasion ; c’est une image lénifiante, aseptisée, douce, lyrique. Par ailleurs, on lit des poèmes qui dérangent et qui renvoient au complexe et au tragique. Le poète est perçu comme un rêveur, un illuminé et un évadé, son seul souci c’est la confrontation à la réalité. La réalité poétique demeure notre apparence, notre identité de surface, mais c’est aussi notre vie intérieure, nos aspirations, nos inquiétudes, notre mémoire collective…

    Ainsi, la poésie de Salah El Ouadie nous parle de notre réalité pleine et entière, elle renvoie à notre « moi » inscrit dans le monde. Rilke disait «  la poésie est le lieu d’une expérience», c’est finalement l’expérience de notre propre rapport au monde. Ici, La poésie est une façon d’être au monde, de le questionner, de s’interroger sur les choses existentielles.

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